La zone euro de mal en pis, le désarroi se répand partout

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La journée du 14 mai 2012 a marqué une nouvelle et forte dégradation de la situation globale en zone euro :

EN GRÈCE

Alors que des rumeurs avaient circulé pendant le week-end sur un possible “gouvernement de technocrates” qui aurait permis de ne pas reconvoquer des élections, la Grèce n’est toujours pas parvenue, ce lundi, à se sortir du casse-tête politique, économique et social dans laquelle l’a plongée l’euro.

La probabilité que la toute nouvelle assemblée nationale soit dissoute dans l’espoir de voir émerger une coalition majoritaire s’est donc encore accrue.

Mais ce pourrait être un remède pire que le mal aux yeux des européistes, qui craignent que tout cela ne débouche sur une majorité plus écrasante encore en faveur d’un rejet des plans de destruction du pays concoctés par la Commission européenne, le FMI et les grands établissements bancaires.

DANS LES INSTANCES EUROPÉENNES

Cette perspective de plus en plus chaotique en Grèce a conduit l’inamovible président de “l’eurogroupe”, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, à se livrer à un exercice de “langue de bois” digne de la Haute Époque brejnévienne. D’un coup de menton, cet européiste caricatural a affirmé devant la presse que « les pays membres de la zone euro ont l’intention inébranlable de conserver la Grèce dans l’union monétaire ».

Pour qui connaît les allées du pouvoir européiste, cette déclaration signifie exactement le contraire. Car M. Juncker n’aurait jamais affirmé pareille certitude si le problème, justement, ne se posait pas.

Il l’a d’ailleurs puérilement avoué quelques instants après, en critiquant violemment la « propagande » [sic !] de ceux qui évoquent la possibilité qu’Athènes soit exclu de l’euro. Il a ainsi éructé : « Nous sommes 17 États membres copropriétaires de notre monnaie commune, je n’envisage pas une seconde que la Grèce quitte la zone euro, c’est du non-sens, c’est absurde, c’est de la propagande. »

Notons au passage, pour les amateurs de précision, que M. Juncker parle bien de “monnaie commune” et non pas de “monnaie unique”. Cela confirme ce que j’expose depuis des années dans mes interviews et dans mes conférences. Cela prouve aussi qu’à la différence de certaines de nos “vedettes” de l’élection présidentielle (qui croyaient malin de proposer de transformer l’euro en… une monnaie commune, ce qu’elle est déjà !!), M. Juncker sait au moins comment fonctionne l’euro.

EN ESPAGNE

Un malheur n’arrivant jamais seul, on a appris le même jour que l’Espagne peinait à emprunter les 3 milliards d’euros dont elle avait besoin. Elle est parvenue à lever tout juste 2,903 milliards d’euros à 12 et 18 mois et elle a dû concéder des taux en hausse sensible sur les deux échéances : à 2,985% pour les bons à 12 mois (contre 2,623% le 17 avril) et à 3,302% pour les bons à 18 mois, (contre 3,110% à la même date).

Cette dégradation des conditions d’emprunt signifie que les marchés financiers sont de nouveau inquiets sur l’Espagne, et en particulier sur son secteur bancaire, sur la crise de l’immobilier espagnol, et sur l’impact de tout cela sur la BCE et sur l’euro.

On a en effet appris que la dette des banques espagnoles envers la Banque centrale européenne a atteint en avril un record historique, à 263,5 milliards d’euros. Ce montant témoigne de la difficulté extrême des banques espagnoles à recourir au marché (au lieu de la BCE) pour se financer. Le recours des banques espagnoles à la BCE, qui avait grimpé jusqu’à 131,9 milliards d’euros en juillet 2010, avait depuis régulièrement baissé, descendant jusqu’à 42,2 milliards en avril 2011.

Avec 263,5 milliards d’euros, il a donc été multiplié par 6 en un an !
C’est dire à quel point le climat de défiance des marchés financiers est général vis-à-vis de l’Espagne.

Pour tenter d’y porter remède, le gouvernement de M. Rajoy vient d’obliger les banques à provisionner dans leurs comptes encore 30 milliards d’euros supplémentaires en 2012. Les quatre plus grands établissements financiers espagnols (Santander, BBVA, CaixaBank et Bankia en voie de nationalisation partielle), devront à elles seules passer plus d’un tiers de ce montant (11,3 milliards d’euros).

Cette nouvelle exigence s’ajoute aux précédentes mesures introduites en février, qui imposaient déjà 53,8 milliards d’euros de provisions de plus en 2012 aux banques.

C’est dire que le gouvernement espagnol estime qu’il y a au moins 83,8 milliards d’euros de créances immobilières pourries dans le système bancaire du pays… La spéculation immobilière place ainsi notre voisin ibérique de plus en plus près du gouffre.

EN ITALIE

Enfin, cerise sur le gâteau immangeable de l’euro, on a appris ce 14 mai au soir que l’agence de notation Moody’s a décidé d’abaisser immédiatement la note de crédit de long terme de… 26 banques italiennes.

Les abaissements vont d’un à quatre crans, avec un cran pour les deux plus grandes banques du pays UniCredit et Intesa Sanpaolo, toutes deux ramenées à A3.

Plus grandiose encore, la perspective est négative pour toutes les banques concernées. Ce qui signifie que Moody’s envisage d’abaisser encore ces notes, si les problèmes de financement s’aggravent, en cas de récession prolongée ou encore en cas d’abaissement de la note de l’État italien.

Les notes des banques italiennes font maintenant partie des plus basses chez les pays européens avancés.

 

CONCLUSION

L’enfoncement de la Grèce dans le chaos a fait plonger toutes les bourses mondiales (Paris a perdu -2,3 % et Wall Street près de – 1%) et a fait baisser l’euro par rapport au dollar.

On imagine à peine ce qu’il en serait si c’était ensuite au tour de l’Espagne et de l’Italie de sombrer à leur tour dans “l’euro-chaos”.

Dans ce contexte d’effondrement général, la seule chose qui grimpe, c’est… le nombre des adhérents de l’UPR. Le flux d’adhésions à notre mouvement se poursuit de plus belle ; nous aurons l’occasion de faire le point prochainement pour nos lecteurs.